Émilien Gailleton : entre simplicité et humilité

Après Émile Dayral, c’est un autre joueur très prometteur qui m’a fait l’honneur de répondre à mes questions : Émilien Gailleton. Merci à lui d’avoir accordé un peu de son temps par téléphone alors qu’il venait de sortir de cours (il est en deuxième année de STAPS à Tarbes). Voici trente minutes de bonheur, de sincérité et de gentillesse retranscrites sans modification afin de connaître un peu plus son parcours et ses expériences individuelles et collectives. Petite précision : cet entretien a été réalisé le 18 octobre, soit trois jours après la défaite face au Stade Français.

Tout comme Émile (Dayral) je ne connais pas du tout ton parcours. Tu es né à Agen ?

« Non alors moi je suis né à Londres. J’ai ma mère qui est anglaise mais très vite je suis arrivé en France à l’âge de trois ans, plus précisément dans le Lot à côté de Cahors. J’ai grandi là-bas, j’ai commencé le rugby à Cahors à l’âge de cinq ans. Je suis arrivé à l’âge de quatorze ans à Agen. »

Ta famille est à fond dans le rugby et c’est pour ça que tu t’es orienté vers ce sport ou pas du tout ?

« Non pas du tout. Mon père était dans le foot. Même s’il a toujours aimé le rugby c’est pas ça qui m’a fait rentrer dans le rugby. J’avais un meilleur pote d’enfance qui s’y était inscrit quand il avait cinq ans. Moi il fallait que je fasse un sport parce que j’étais un peu hyperactif à la maison et du coup j’ai commencé avec lui. »

Depuis cet âge-là tu n’as fait que du rugby ?

 » Euh ouai. A un moment je faisais en parallèle de l’athlétisme vers l’âge de treize ans je pense. »

Et après au rugby, à partir du moment où il y a eu des postes, ça a toujours été trois-quarts centre toi ?

« Euh non du tout. Au début j’ai commencé à l’aile et à l’arrière. Ensuite je suis passé au centre. J’ai fait quelques matchs en 10 à Agen que ce soient en U16 ou en U18 et même U21 après. »

C’est ce qui te convient le mieux où tu aurais aimé jouer ailleurs ?

« Ce qui m’importe c’est de jouer sur le terrain, de me faire plaisir. Après je pense que c’est ce qui convient le mieux à mes entraîneurs sûrement. »

Est-ce que tu avais des idoles que ce soit avant ou aujourd’hui ?

« J’ai Gaël Fickou et Wesley Fofana. D’ailleurs j’ai joué contre Fickou il y a deux semaines. J’ai échangé avec lui c’était sympa. »

Quelle image tu gardes d’Agen ?

« Franchement je suis hyper reconnaissant envers eux parce que comme tu dis c’est un peu mon tremplin en début de carrière. J’ai gardé beaucoup d’amis et je pense que pendant les vacances je vais les rejoindre. »

J’ai un pote supporter d’Agen qui me fait passer cette question : pourquoi t’es parti à Pau ?

« Contractuellement c’était un peu compliqué à Agen parce qu’ils étaient un peu en situation de crise. J’étais en fin de contrat. Ils m’ont pas proposé quelque chose de concret on va dire. C’était une situation compliquée. Et de toute façon je voulais chercher un club de Top 14 parce que je pense que c’est un jeu qui me correspond plus, qui est un peu plus basé sur l’offensif. Mais après Pau parce qu’il y a un manager qui est super chouette pour les jeunes, avec un projet axé là-dessus. En plus je le connaissais d’avant donc je savais que c’était quelqu’un de bien (Sébastien Piqueronies) […] Extra-sportivement c’est un environnement qui me plait. J’adore la montagne donc voilà. »

Justement, il y a les études, éventuellement la montagne. Est-ce que tu as des passions en dehors du rugby ?

« J’aime bien tout ce qui est la nature etc. Que ce soient la montagne, la rivière, j’adore ça. Sinon après je peins un peu. A part ça il y a que des activités de plein air genre du vélo, du kayak etc. »

Et après j’imagine aussi que c’est compliqué pour la partie un peu plus privée avec la famille ?

« Oui oui. Pour la petite anecdote, depuis que je suis à Pau je ne suis pas encore rentré chez moi. Bon, heureusement ils viennent me voir jouer mais sinon c’est un peu compliqué là-dessus ouai. Après ça va, fallait s’y attendre hein. »

Comment tu décrirais tes semaines qui se suivent et se ressemblent ?

« Beh écoute. Lundi, mardi, mercredi et vendredi on a des entraînements avec la vidéo, muscu et terrain. Et après moi je vais en cours deux fois le lundi, une fois le mardi et une fois le jeudi qui est notre jour « out » donc je reste un peu plus longtemps. Et parfois le vendredi. »

Pour la partie Équipe de France, quel souvenir tu gardes de tes sélections ?

« Déjà c’est une grande fierté la première fois que j’ai porté le maillot et quand j’ai continué à le faire. De pouvoir jouer pour son pays c’est quelque chose d’important pour nous sportifs de haut niveau. Et en plus je garde un très bon souvenir du groupe que j’ai eu. Enfin des deux groupes vu que j’y étais sur deux années. J’ai gardé de très bons amis de là-bas et pour certains je vais les recroiser cette année si jamais je suis repris. J’ai beaucoup appris rugbystiquement parce que c’est un environnement qui était au départ à un niveau plus élevé que le mien donc ça c’était super bien pour ma progression. Et après pour les résultats, sur le Six Nations, au premier on finit deuxième, au second, on finit deuxième et après les Summer Series, on est un peu passé à côté on a fini cinquième sur huit. Mais voilà j’étais super content de pouvoir vivre ces expériences-là c’est quelque chose d’incroyable. Surtout que sur la fin du deuxième tournoi et le Summer Series j’étais capitaine donc ça aussi c’est vraiment pas mal »

Est-ce qu’il y a quelques choses avec qui tu t’entends super bien ?

« Je vais citer que ceux de ma génération que je vais pouvoir retrouver. Même si j’en ai beaucoup mais en soit Baptiste Jauneau de Clermont le numéro 9, Louis Bielle-Biarrey l’arrière de Bordeaux et après peut-être que tu connais pas Raphaël Porta de Toulouse il a pas joué en pro mais c’est un deuxième ligne. »

Si tu dois me citer un joueur où t’es sûr que ce sera un crack, une pépite ?

« Honnêtement ces trois-là que je t’ai cité. Après là c’est le moment où en Équipe de France t’as quand même pas mal de qualités pour jouer au très haut niveau. Après voilà il faut travailler. Mais en soit tout est possible. »

Pour revenir à Pau, comment s’est passé cette adaptation à Pau ?

« Pour moi, ça s’est plutôt bien passé parce que je pense que j’arrive bien à m’adapter aux situations. J’arrive bien à trouver mes routines on va dire. Après oui c’est sûr ça a facilité les choses le fait que je connaisse pas mal de monde qui sont passés par les U20 : des 2001, des 2002, des 2003 et un 2004. Et Sébastien Piqueronies qui a ramené des membres du staff qui étaient passés par les U20. Donc ça c’est sûr que ça a facilité et aussi c’est un endroit hyper familial donc on s’intègre très vite ! »

Par rapport à ton jeu, quels sont tes points forts et les points que tu pourrais encore améliorer ?

« Je suis quelqu’un qui se déplace beaucoup sur le terrain et qui peut multiplier ses tâches. Après je peux m’améliorer sur mes duels offensifs, défensifs et après sur des termes un peu plus techniques comme les annonces. »

Est-ce que t’as une anecdote marquante à raconter ?

« Pour le dernier match des Six Nations de l’année dernière, on joue contre l’Angleterre. Et en fait dans la semaine je tombe malade. Je perds cinq kilos dans la semaine. Bonne grippe. Et au final j’ai quand même joué le match et j’ai fait ma meilleure pointe de vitesse à ce match-là (rires).« 

Et ces kilos tu les as repris ou tu les as laissés ?

« Non je les ai repris quand même c’est important ! (rires) »

Et si tu devais citer le meilleur stade dans lequel tu as joué ? Que ce soient pour l’ambiance, une victoire marquante ou autre ?

« C’est une bonne question. Il y en a eu quelques uns je pense. Beh notamment celui où j’étais tombé malade quand on a gagné contre l’Angleterre à Aimé Giral (Perpignan). Mais je pense que je vais dire dans le même tournoi contre l’Italie. C’était à Mont-de-Marsan à Guy Boniface où le stade était plein et il y avait vraiment une ambiance énorme. Ouuuh non mais non je dis des bêtises ! Il y a ces deux-là c’est sûr mais en fait non c’était cette année au Hameau contre le Stade Toulousain en fait. »

Oui après je disais en dehors du Hameau parce que tout le monde sait que le Hameau c’est le meilleur stade en ambiance (rires).

« Donc t’as ces trois-là […] Après j’aurais toujours une saveur de jouer à Armandie »

Est-ce qu’il y a une équipe qui te plaît ?

« Pas forcément pour le jeu mais juste pour les soutenir je suis quand même mon ancien club du SUA qui fait un bon début de saison en Pro D2. Sinon, en Top 14, Toulouse ils ont un jeu très plaisant à regarder. »

Comment t’évalues ce début de saison avec Pau individuellement et collectivement ?

« Individuellement, je trouve que je fais quand même un bon début de saison. J’ai fait quand même cinq matchs sur sept ce qui est plutôt pas mal. Honnêtement je pensais pas en faire autant dès le début. Après, qu’il y ait pas mal de centres qui se sont blessés ça a joué aussi mais je suis quand même content de pouvoir jouer. Je trouve que mes premiers matchs sont plutôt corrects après il y a bien sûr une marge de progrès à faire. Collectivement, c’est un peu compliqué. On a un début de saison très difficile. On a du mal à trouver de la stabilité après un match contre Toulouse où on a pu dominer tous nos contacts, tous nos duels et jouer dans l’avancée et arriver à étouffer la tête de l’adversaire. On a du mal à retrouver ça à part le Stade Français où on a réussi à retrouver ça. On a du mal à finir les matchs. »

Comment t’expliques le passage d’un match référence contre Toulouse où tout était cohérent, il y avait de l’intensité à la fois défensivement et offensivement, dans la conquête et après Toulon où vous êtes passés à côté et le Stade Français où vous maîtrisez plutôt bien le match et vous perdez complètement le fil ?

« Je sais pas, honnêtement je sais pas trop. Je manque je pense d’expérience pour trouver tous ces mots. Dans le groupe j’entends que c’est un manque de discipline envers nous-mêmes, d’exigence envers nous-mêmes. Et aussi je pense une perte de confiance donc voilà. »

Pour finir quels sont tes ambitions pour la suite ?

« Comme tous les rugbymen de France de pouvoir jouer pour le XV de France et si c’est le cas gagner une coupe du monde c’est sûr. Après en club de gagner un titre de Bouclier de Brennus et pourquoi pas un titre de H Cup aussi. Après comme je pense tout le monde (rires) »

Fin de l’interview

Merci encore à Émilien Gailleton pour sa simplicité et son humilité. Depuis, la Section Paloise est repartie de l’avant avec un point de bonus défensif pris à Lyon, un exploit réalisé à La Rochelle et une victoire bonifiée à domicile face à l’Union Bordeaux Bègles. Du côté du trois-quarts centre, il a inscrit trois essais supplémentaires (doublé à La Rochelle et un face à Bordeaux). Ce qui porte son total à quatre essais marqués en huit matchs disputés ! Ses bonnes performances ont ainsi été récompensées par une sélection (à deux reprises) dans le groupe élargi du XV de France. Mesdames et Messieurs, ce joueur promet fortement pour la suite !

2 Commentaires

  • Bel interview très bien ficelé. Bonne continuation

    Domenge 27.11.2022
  • Très bon interview

    Domenge 27.11.2022

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