La Coupe du Monde approche à grand pas et l’incertitude règne sur l’Équipe de France. Entre les blessés, les affaires et un niveau global très moyen, la peur de la malédiction du premier tour pour le champion en titre est de plus en plus présente dans le pays.
Une année 2022 compliquée
Seulement trois victoires en huit matchs pour nos Bleus cette année. Deux victoires en amical (Côte d’Ivoire et Afrique du Sud), une seule en Ligue des Nations (Autriche) dans une poule relativement abordable (Danemark, Croatie, Autriche). Tout commença avec ce match amical le 25 mars dernier face aux Éléphants. Un match relativement moyen remporté néanmoins 2-1. Malgré une ouverture du score signée Nicolas Pépé sur une action où Lucas Hernandez doit mieux défendre et Hugo Lloris doit mieux couvrir son premier poteau, les Bleus réagissent par la meilleure des manières trois minutes plus tard par l’intermédiaire du deuxième meilleur buteur de l’histoire de la sélection Olivier Giroud. La deuxième mi-temps est toute aussi ouverte avec Hugo Lloris mis à l’épreuve à deux reprises sur des frappes lointaines ivoiriennes. Les Français poussent également de leur côté avec de nombreux centres, de nombreux corners qui aboutissent finalement par le but au bout du temps additionnel d’Aurélien Tchouaméni (son premier avec l’équipe A). Quatre jours plus tard nous assistons à un festival offensif avec une large victoire 5-0 face aux Sud-Africains plutôt faibles et sans solution. C’est la septième victoire de rang ! Puis vient les quatre matchs de Ligue des Nations au mois de juin, au bout d’une longue saison éprouvante. Aucune victoire pour les Bleus en quatre rencontre. Deux nuls à l’extérieur (Croatie, Autriche), deux défaites à domicile (Danemark, Croatie). Trois buts marqués pour cinq encaissés. Il parait important également de noter un manque cruel de réalisme avec un total de 58 tirs (14,5 en moyenne par match) dont 22 cadrés (5,5 en moyenne par match). Ce qui veut dire que seulement 38% des tirs sont cadrés et qu’un but est marqué tous les 20 tirs environ ! Il faut néanmoins mettre en valeur l’efficacité des adversaires ou le manque de concentration et de sérieux des Français avec 25 tirs concédés (6,25 en moyenne par match) dont 17 cadrés (4,25 en moyenne par match). Ainsi, 68% de leurs tirs sont cadrés mais surtout un tir sur cinq finit au fond ! Malgré ce mois compliqué, l’inquiétude ne domine pas car il y a eu des performances intéressantes comme celles de Tchouaméni qui gagne de nombreux points au milieu de terrain ou encore celles de Christopher Nkunku qui est plutôt intéressant. C’était aussi la fin de saison : ce qui explique la fatigue et les blessures (Raphaël Varane, Kylian Mbappé).
Un sélectionneur qui a perdu le fil ?
Parlons maintenant de notre sélectionneur national. Celui qui nous a permis d’aller chercher cette deuxième étoile inoubliable : Didier Deschamps. Cependant, nous avons l’impression que, depuis la défaite contre la Turquie en juin 2019, Deschamps a perdu progressivement le fil dans cette équipe. Durant la Coupe du Monde 2018, nous avions l’image d’un groupe de copains qui rigolaient et qui adoraient jouer ensemble. Nous avions l’image d’une équipe qui ne produisait pas le meilleur football mais qui était solide et qui avait un fort caractère (très peu de buts encaissés, victoires sur des coups de pied arrêtés). Après cette victoire en 2018, il fallait préparer au mieux cet Euro 2020 (décalé en 2021) en intégrant des jeunes joueurs prometteurs et performants. Cependant, Deschamps a décidé de convoquer un groupe similaire avec des joueurs qui s’entendent bien mais qui sont moins performants en club. Il a également décidé de reconduire le même dispositif (plutôt défensif) contre des équipes plus faibles qui jouaient plus bas sur le terrain. La première alerte a lieu le 8 juin 2019 lors de la défaite 2-0 en Turquie. Depuis ce match-là, il manque quelque chose offensivement. Griezmann n’est plus dans sa meilleure forme, Giroud fait toujours le travail mais l’animation n’est plus la même. Le mental et le lien entre les joueurs ne sont plus les mêmes. Le sélectionneur se retrouve alors dans une impasse avec des joueurs qui ne sont pas sortis du lot lors des seuls matchs qu’ils ont joués (Anthony Martial, Wissam Ben Yedder). Néanmoins, il y a un joueur qui performe toujours autant et même de plus en plus avec son club : Karim Benzema. Il effectue alors son grand retour en juin 2021 lors des matchs face au Pays de Galles et à la Bulgarie. Pas de but pour lui mais une nette influence dans le jeu avec une très bonne entente avec Mbappé. Olivier Giroud voit alors sa place menacée.
Des affaires qui se multiplient
Si sur le terrain ça ne se passe pas au mieux et que c’est encore pire en dehors, comment voulez-vous que la situation s’arrange ? Nous pouvons commencer par le petit tacle de Karim Benzema à Olivier Giroud : « On ne confond pas la F1 et le karting […] Et je suis gentil. Moi, je sais que je suis la F1. » Il a malgré tout loué les atouts de l’attaquant qui appartenait encore à Chelsea et qui correspond bien au style de jeu de l’équipe de France. Vient ensuite un an plus tard la rumeur d’une embrouille entre Mbappé et Giroud. Le buteur milanais reproche alors au parisien de ne pas assez lâcher son ballon et de le lâcher trop souvent à la même personne (Benzema en sélection, Neymar en club). De plus, nous pouvons aussi rappeler des choix un peu surprenants de la part de Deschamps avec la non-sélection d’Olivier Giroud pour les matchs éliminatoires de la Coupe du Monde 2022 et pour le Final Four de la Ligue des Nations (septembre à novembre 2021) car il estime que le grand attaquant ne peut pas et ne veut pas être remplaçant. Propos bien sûr démentis par tout le monde. Giroud n’a jamais causé de problèmes. Il a toujours travaillé très dur pour être à son meilleur niveau. Lorsqu’il avait très peu de temps de jeu à Chelsea, il s’entrainait quand même très dur (et n’était jamais blessé) pour continuer à réaliser de bonnes performances et à marquer. Rappelons qu’il est seulement à deux longueurs du nombre de buts inscrits par Thierry Henry en sélection (51).
Par ailleurs, comment parler d’affaires sans parler de la plus importante ? L’affaire Pogba. Tout débute avec une longue vidéo publiée par Mathias Pogba, un des deux frères de Paul Pogba. Une vidéo préparée qui fait un peu penser à une demande de rançon (fond blanc, texte écrit entièrement sur feuille) et qui nous surprend à tous. Nous sommes en plein règlement de comptes fraternel avec une jalousie démente et des tentatives d’extorsions contre un frère qui réussit pleinement sa carrière de footballeur professionnel. Mathias Pogba est alors incarcéré mais de nouvelles vidéos apparaissent et cette affaire, tout comme celle de la sextape, est loin d’être terminée.
Enfin, le journaliste Romain Molina dénonce un harcèlement sexuel et moral au sein-même de la FFF. Noël Le Graët est visé et Deschamps serait au courant. Bien sûr ils démentent cette situation. A voir comment cette enquête évolue dans les jours à venir mais cela n’arrange pas du tout l’Équipe de France.
Une dernière préparation inquiétante
Les Bleus avaient deux derniers matchs de Ligue des Nations il y a quelques jours. Deux matchs pour se maintenir en Ligue A d’une part et pour se préparer au mieux pour la Coupe du Monde. Le premier face à l’Autriche (concurrent direct pour le maintien) s’est avéré plutôt bien maîtrisé avec une victoire 2-0 face à une adversité relativement faible. Ce qui permet aux Français de recoller au même nombre de points que les Autrichiens (5). Trois jours plus tard, déplacement au Danemark, futur adversaire de la France à la Coupe du Monde au Qatar. Une défaite sans appel 2-0 qui fait remonter les incertitudes et les faiblesses de cette équipe. Aucun joueur n’a fait un bon match. Il faut surtout noter un manque cruel d’envie et de caractère avec un marquage inexistant sur les coups de pied arrêtés et avec une absence totale de révolte. Toutes les frappes cadrées ont fini dans les mains de Kasper Schmeichel (élu homme du match à la surprise de tout le monde). Le milieu des Bleus a perdu la bataille face au trio expérimenté Delaney-Højbjerg-Eriksen. Encore une fois, il y a une circonstance atténuante. Pas moins d’une dizaine de blessés avec entre autres Karim Benzema, Kingsley Coman, N’Golo Kanté les frères Hernandez auxquels se sont ajoutés après le match face à l’Autriche Jules Koundé et Mike Maignan. Des blessures dues à un enchaînement de matchs très tôt dans la saison qui ont handicapé Deschamps dans sa liste mais qui permettent peut-être aux cadres de se reposer par la même occasion pour revenir au top de leur forme dans les semaines à venir.
En définitive, en tant que supporters des Bleus, nous sommes inquiets et nous nous sentons menacés quant à la malédiction qui est censée frapper sur les champions du Monde en titre. La question se pose aussi sur le système que va utiliser Didier Deschamps. Depuis le retour de Benzema, la France a surtout évolué en 3-5-2 pour permettre au trio d’attaque de s’exprimer au mieux (Griezmann en dessous de Benzema et Mbappé) mais aussi pour alléger le travail défensif des pistons qui vont alimenter les côtés. L’interrogation rode alors au milieu de terrain et en défense central, les bases de la colonne vertébrale. Ce dispositif oblige la présence de deux milieux de terrain seulement qui doivent amener parfois le déséquilibre dans l’équipe adverse. Sauf qu’avant d’amener le déséquilibre, il faut être sûr d’avoir un certain équilibre dans sa propre équipe. Nous l’avons vu lors des derniers matchs face à la Croatie et au Danemark notamment où le milieu à deux a été mis en difficulté par des milieux à trois expérimentés ( Delaney-Højbjerg-Eriksen et Brozovic-Kovacic-Modric). Côté défense centrale, à part Raphaël Varane qui est en train de retrouver son meilleur niveau en club et en sélection, aucun autre à ce poste n’arrive à être régulier. A noter toutefois les bons matchs de Benoit Badiashile qui faisait ses débuts et qui a inspiré une certaine sérénité sur le flanc gauche de cette défense axiale.
D’après les bookmakers, la France fait partie des favoris mais en toute objectivité trois nations sont aujourd’hui largement au-dessus : l’Argentine (35 matchs de rang sans défaite), le Brésil (préparation au top avec une attaque de feu) et l’Espagne (vraie identité de jeu avec une nouvelle génération très intéressante).
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